Gourmandise (les mangues oblongues)
Tout d'abord se laisse séduire
Par le bel aspect de son cuir,
Sa peau exempte de déchirure,
Tendue, brillante, sans écorchure,
Aux vibrantes tonalités,
Parfois de rouge marbrées
Et sous la peau sentir déjà
La chair dont sonnera le glas.
Entre vos mains, ce fruit d'amour
Délicatement mais sans détour
Saisir et déjà ressentir
En vous le sabbat à venir
Le regarder, le respirer,
Du bout des doigts le caresser
En redessiner les contours
Son noeud, son rebondi velours.
Puis de vos doigts, de vos mains jointes,
De l'arrondi jusqu'à la pointe
En une pression délicate
Et sans que jamais il n'éclate,
Malaxer le beau fruit charnu
A petites gestes d'abord ténus
Sentir peu à peu sous vos doigts
La chair de ce vrai fruit de roi
Se faire le plus doux des nectars
En récompense de votre art.
Lors appuyer plus fermement
Tout autour de ce fruit d'amants
Sentir au centre détaché,
Son noyau blanc déshabillé
De sa pulpe qui autour danse,
Ce jus qui vous mettra en transe ,
Prêt à surgir, prêt à jaillir
Et à vous faire défaillir.
Enfin sentez le jus qui glisse
Cette promesse de délice
Sous la peau souple et tendue
Vient le moment tant attendu…
Sur le bout dressé de ce fruit
Sans violence et sans furie
Vos lèvres impatientes poser
Comme pour un intime baiser
Alors du tranchant de vos dents,
Mais oui c'est ça, amoureusement
Y faire une mince incision
A peine un trait, une scission
Et là…
Ô joie
Ô délice
En votre calice
Extase de ce jet
Qui fuse à votre palais
Excite comme jamais vos papilles
De toute pudeur vous déshabille
Et l'on aspire, presse, suce, presse encore des lèvres et des mains, avale le jus qui explose et emplit la bouche, dégouline des lèvres au menton…
Dieu que c'est bon !