Lectures de cet été

Publié le 16 août 2013 par Lita.s

Ordinairement, je lis peu. Par manque de temps. Le boulot, l’écriture, l’animation de mon atelier théâtre, l’écriture, ma petite famille, l’écriture, la sculpture, le sport, l’écriture… Bref ! Changement de rythme et boulimie des mots et histoires écrits par d’autres, l’été je lis, je lis.

Enfant, je grimpais sur un grosse branche de mon manguier et, adossée à son tronc, je lisais tout ce qui passait à ma portée (et parfois en grimpant sur l’escabeau pour attraper un livre moins accessible à mon jeune âge). L’été me ramène sans doute à la chaleur africaine et me donne envie de plonger dans d’autres lignes… Avalés, dévorés, grignotés, dégustés, 9 livres cette dernière quinzaine, et 4 autres à venir ou en cours. De la détente, de l’humour, du profond, du léger, de l’ancien, du récent… Allez, je vous en offre deux, tout juste cueillis, dans des styles et des écritures très différents.

Maudit karma de David Safier (2010)

Une histoire de réincarnation, savoureuse et déjantée qui se lit bien, et c’est plus profond qu’on ne croit.

« Animatrice de talk-show, Kim Lange est au sommet de sa gloire quand elle est écrasée par une météorite. Dans l’au-delà, elle apprend qu’elle a accumulé beaucoup trop de mauvais karma au cours de son existence. Non seulement elle a négligé sa fille et trompé son mari, mais elle a rendu la vie impossible à son entourage. Pour sa punition, Kim se réincarne en fourmi. Et le pire reste à venir… »

La réincarnation, un thème séduisant servi par une plume qui frétille d’humour grinçant.

Extraits : »Ma dernière pensée fut : Je ne m’habituerai jamais à cette putain de mort ! ».

« [...]ce soir-là, j’avais plutôt envie de regarder la télé. Un coup d’œil au réveil m’avait appris qu’Ally McBeal commençait dans deux minutes, et l’orgasme simulé m’était apparu comme le meilleur moyen de ne pas rater le début de l’épisode. »

Réjouissant ! Bien sûr, on a vite compris le principe des réincarnations successives, la gentille morale est sauve, il y a des facilités… mais ce petit roman (342 pages pas trop pleines) est parfait pour une non-prise de tête estivale, et ça fait du bien.

La maîtresse aux épices de Chitra Banerjee Divakaruni (2004)

« Tilo possède la maîtrise de l’art ancestral des épices. Installée dans un quartier d’immigrés d’Oakland (Californie), elle prépare l’épineracine, seule capable de restaurer l’équilibre du corps et de l’âme. »

Un charme envoûtant pour ce récit où la philosophie est au cœur des épices reines. Plongez dans une culture où naître femme est loin d’être un bon plan, où l’imaginaire et le réel semblent être cousus dans le même sari. Des images, des couleurs, des odeurs… L’écriture sensuelle d’une femme libre. Chitra Banerjee Divakaruni n’est pas seulement la maîtresse des épices mais aussi une merveilleuse conteuse.

Extrait : « Dans l’air opaque du soir, les formes prennent de la densité. Vieux désirs. Une femme, tendue de tout son corps pour s’arracher à sa condition, s’élever ; un garçon, le monde entier dans ses yeux, contemple sa mère… J’aperçois un instant les autres femmes qui frôlent le bord de sa vie : celles qui mettent le linge à sécher dans les arrière-cours, la bouche pleine d’épingles, leurs ventres gonflés, la chair molle de leurs bras, de leurs gorges, leurs seins… »

Ok, au début, j’avoue avoir eu un eu de mal à accrocher, mais après… ! Les épices ont produit leur effet et les 325 pages très denses m’ont happée.