J'ai froid...
Ce n’est pas la première fois. Pas la dernière, c’est sûr.
Y’a un grand trou, un cratère. C’est béant, c’est froid, perdu, mort.
NON ! Pas mort. Je refuse que ce soit mort. Immobile, froid, sans chi, mais pas mort. Y’a comme une méchante vibration, un tuc qui s’accroche au plexus et qui ne lâche pas…
Alors ce n’est pas mort.
Ça fait mal. Ça fait très mal. Alors ce n’est pas mort. La douleur, c’est la vie encore. Tant qu’on saigne, on vit. Et même quand on ne saigne plus, on vit encore…
S’il s’agit d’elle.
Si c’est lui, c’est différent.
Naître Elle est parfois un arrêt de mort. En certains lieux, Elles mort-naissent. Elles ventres inutiles sont étouffées. En d’autre temps, Ils corps à canons étaient sacrifiés. Vies poussières balayées en silence ou dans le bruit. Aussi infime est la mienne, alors pourquoi dire ici, aujourd’hui, cette béance et ce relent de mort en moi ?
Ce n’est pas la première fois.
Un trou noir aspire la lumière des jours, les escarbilles, les vétilles, tout ce qui brille. Absence. Béance. Trouance. Vidance. Ça mord le ventre, le déchiquète, le retourne en gant sale, le tord. En casse corps. Calebasse évidée.
Ce n’est pas la première fois.
Pas la dernière…
J’ai froid.